Very Auguste

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Cultural gap: l'obsession du "healthy eating"

L'Amérique que je fréquente est obsédée par le manger bien. Ce qui se traduit par l'hyper utilisation des termes "healthy", "clean", "lean" adossés à "food". Rien que sur Instagram : plus de 26 millions d'utilisations du hashtag #cleaneating,  20 millions et quelque pour #healthyfood, et j'en passe.   

Que ce soit dans les magazines, les blogs, les supermarchés, dans la rue.... ou au bureau.  A chaque fois que j'apporte ma lunch box (plus de la moitié du temps), j'ai droit aux mêmes commentaires : "It looks so healthy!", ou sa petite soeur "it must be so low-cal!".

Non je ne suis pas Alain Passard

Autant vous dire que je ne passe pas 3h aux fourneaux tous les jours. Non, ce sur quoi mes collègues américains s'extasient se résume souvent à l'art d'accommoder des restes ou de faire les fonds de placard, ou encore de couper des légumes (courgettes, aubergines, tomates) et de les faire cuire (à l'eau, au four, ou à la poêle). Mais pour eux qui ont tant de mal à concevoir un repas sans "fried something", trace de pizza, ou sauces industrielles, une assiette de ratatouille + poulet grillé + riz me met dans la cour des "clean eaters".

A chaque fois je me dis deux choses : 1) mais QUE mangent-ils ? et 2) on a de la chance en Europe d'avoir une culture des repas et de la nourriture, pas des "food products". Je tente de leur faire comprendre que je suis normale et pas obsédée par les calories et que ce que j’ai là, dans mon tupperware, est une assiette finalement très basique de protéines, légumes et “carbs” (oui ici, le riz, les pâtes, le boulgour, le quinoa sont des carbs avant d'être des aliments nutritifs et avec des textures, saveurs, et histoires culinaires variées. Et l'Amérique que je fréquente semble avoir peur des carbs).

Modes alimentaires

Ces conversations anodines entre collègues par ailleurs éduqués est, pour moi, révélatrice du mal qui ronge l'Amérique et, à moins grande échelle, nos sociétés européennes : une absence totale de repères alimentaires, mélangée à une prévalence du moi et du choix individuel au rang de parangon de la liberté humaine la plus fondamentale.  Ce qui conduit la société qui m'entoure à se jeter sur la junk / fast-food et  sa version plus pernicieuse de “fast-casual food”, ou au contraire, conduit certains à mettre des groupes entiers d’aliments à l’index, comme les fameux “carbs” parce que “this is not good for you”.  En version extrémiste, cela donne des New-Yorkais  qui s’entichent de légumes comme s’il s’agissait d’une dernière mode : le fameux kale qu’on ne présente plus, et plus récemment… le choux-fleur.  Quitte à choisir, j’aurais pris un aliment un peu moins encombrant !

#Whatsforlunch

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