Fille des années 80
Enfant, je voyais les adultes comme ces êtres grands forcement âgés, responsables, bref membre d'une catégorie à part, un peu ennuyeuse dans laquelle je n'avais pas vraiment envie de me glisser. Pourtant, j'ai fini par y arriver, plutôt par inadvertance en grandissant et les très classiques rites de passage (bac, fin d'études, premier boulot, premier loyer mais aussi mariage et naissances de mes enfants) n'ont pas vraiment bousculé l'image que je me fais de moi.
Aujourd'hui, si mon fils me classe facilement dans la catégorie des "dames", moi, je me regarde dans un miroir et je vois toujours une "fille" pas une femme.
Je n'ai aucun problème à assumer mes responsabilités, mais j'aime adopter une posture d'insouciance, preuve de mon optimisme ou de cette foi quasi inébranlable que "oui, on trouvera bien une solution".
"A la vie adulte, très souvent connotée négativement, on préfère l’enfance et l’adolescence, d’où l’on vient et dont on espère garder encore quelques traits", a écrit Jean-Pierre Boutinet dans L’Immaturité de la vie adulte, Je m'y retrouve un peu parce que j'ai découvert plusieurs âges d'adulte aux contours plutôt flous. Et à mon âge adulte, j'aime cultiver des réminiscences d'enfance insouciante de celle qui déchiffrait consciencieusement "All that she wants" en tentant de timides déhanchements. Parce que grandir, c'est pas si terrible et jamais on ne devient vieux à l'insu de son plein gré.