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Vivre ailleurs - Aurélie à Calgary : love, chinook & stampede !

Vivre ailleurs - Aurélie à Calgary : love, chinook & stampede !

Parmi les ~ 83295 Français établis au Canada se trouve Aurélie. Cap sur Calgary, ville dans laquelle Aurelie a re-crée une vie en apparence aux antipodes de la France.... Enfin pas sur tout !  On vous laisse découvrir !

Pourquoi es-tu partie ?

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Evidemment, c’est à cause de Rasta Rockett, quoi d’autre !! (our pride and joy by the way)

Plus sérieusement, en 3eme année de Sciences Po Lille nous avions année obligatoire à l’étranger et mon but avait toujours été les Etats-Unis ou le Canada à cause de l’anglais, une de mes passions depuis le collège. Je me suis retrouvée à Calgary où j’ai passé une année absolument fantastique à skier, voyager à travers l’Amérique du nord et travailler à Subway (eat fresh)

J’ai aussi rencontré un charmant jeune Argentin… il y a toujours une histoire de cœur, ahah. Apres avoir fini mon diplôme j’ai essayé un peu de bosser sur Paris mais à  l’époque tout ce que je trouvais étaient des stages non rémunérés et ma famille n’étant pas sur Paris c’était un peu dur.

Alors j’ai pris la décision un peu sur un coup de tête : je suis allée a l’ambassade du Canada, ils m’ont donné un visa d’un an comme ça en 5 minutes ! (c’était il y a 11 ans, les choses sont différentes maintenant) et une semaine plus tard j’étais de retour à Calgary chez mon Argentin…

Alors pour la petite histoire ça n’a pas marché du tout avec l’Argentin et maintenant je suis avec un Canadien depuis 10 ans (Matt) ce qui explique sans doute un peu pourquoi je ne suis pas rentrée.

 

Est-ce que c’est ta première expérience à l’étranger?

Ce n’est pas ma première expérience à l’étranger. Mon père a eu une super carrière dans la cartographie (il a juste pris sa retraite l’an dernier) qui l’a amené aux quatre coins du globe. Avant ma naissance, mes parents ont habité en Jordanie, quand on était petites mon père voyageait plusieurs mois par ans à l’étranger, beaucoup en Afrique.  

Au début des années 1990 pendant presque 7ans nous avons habité au Gabon (Afrique). Le Gabon est francophone mais je suis allée au Lycée français. Appart avec fenêtres sur l’océan. J’étais jeune mais je me souviens qu’on n’était pas super contents de partir !

Au début des années 1990 pendant presque 7 ans nous avons habité au Gabon (Afrique). Le Gabon est francophone mais je suis allée au Lycée français. Appart avec fenêtres sur l’océan. J’étais jeune mais je me souviens qu’on n’était pas super contents de partir ! 

- Difficultés de l’installation ?

Où commencer ??? C’est SUPER dur de s’installer pour de vrai au Canada. Je ne parle pas de vivre ici pour un an pendant l’année d’échange avec son université. Ceci dit bien sûr, gardez en tête que je vis en Alberta et pas au Québec et que tout est différent par province

Si tu ne viens pas ici avec un job obtenu en France, prépare-toi à diminuer tes attentes. A LOT

Le Canada fonctionne avec un système de crédit. C’est-à-dire que les canadiens depuis qu’ils sont enfants obtiennent des cartes de crédit pour « gagner des points » avec la banque ce qui fait que quand ils sont adultes et veulent s’acheter des trucs (une voiture, un téléphone portable, se faire installer la télé…) ils peuvent le faire. Toi petit immigrant avec 0 crédit, même si tu as payé 10 prêts (immobiliers, voiture ou prêts étudiant) en France, ça ne veut rien dire du tout. Tu repars de 0. Et tu vas en baver.

Tes diplômes ne valent rien. Ils ne connaissent aucune école française à part la Sorbonne. Si tu ne viens pas ici avec un job obtenu en France, prépare-toi à diminuer tes attentes. A LOT !

   IL FAIT FROOOOOOOOID. Sincèrement, on ne s’y habitue jamais. Mais bon, c’est cool pour le ski !

 

- Aspects faciles ?

 Il y a beaucoup moins de bureaucratie qu’en France. Les choses sont plus simplifiées. Ex : la France et l’Alberta ont un accord en ce qui concerne les permis de conduire. Je suis allée à ce qu’on appelle le « registry » (bureau dans chaque ville, il y en a des centaines, là où tu vas faire tous des trucs bureaucratiques genre inscrire ta voiture chaque année, obtenir un acte de naissance, passer le code de la route…), j’ai payé $20, ils ont pris mon permis français et m’ont donné mon permis canadien. Bam, 5 minutes et c’était réglé.

 Beaucoup plus facile de louer des apparts ou maisons. Il y a moins de contraintes qu’en France. Le proprio t’aime bien, tu lui donnes 2 mois de loyer, tu t’installes. Il n’y a pas de caution !

Même chose pour les boulots. Alors là pour le coup moi j’aime mais je sais que c’est très personnel (presque politique oups). Tu es engagé en 5 minutes et viré en 5 minutes. Encore une fois, ça peut être vu comme un contre.

 

Le plus surprenant?

 Calgary a ce qu’appelle le chinook : c’est un vent des montagnes qui crée des changements de température intense. Tu peux passer de -25 degrés à +15 dans la même journée. Ca marche aussi dans l’autre sens. En juin…

Tu n’as pas vécu tant que tu n’as pas vu un rendez-vous mondial de rodéo…

Chaque année Calgary abrite le « stampede » le plus grand rendez-vous mondial de rodéo. Tu n’as pas vécu tant que tu n’as pas vu un rendez-vous mondial de rodéo…

Ce que tu as appris sur toi

Quand on était à l’école je voulais être la boss, manager des gens, avoir un super job dans une grande boîte, être cette super businesswoman

-   Je suis arrivée ici et j’ai dû travailler dans un entrepôt pendant 8 mois parce que personne ne voulait m’employer. Mon ego en a pris un coup au début mais au final ça a été un super job et j’ai appris qu’il n’y a pas de différence entre quelqu’un qui a fait les « grandes écoles » et quelqu’un qui conduit un porte palette tous les jours. Si demain je devais retourner faire ce job je le ferais la tête haute.

-   En gros je pense que j’ai appris qu’il y a plus dans la vie que les apparences et les titres sur la carte de visite. Bien sur la stabilité financière est très importante et je suis reconnaissante chaque jour d’être là où je suis mais je suis aussi contente de ne pas avoir baissé les bras les fois où ça a été difficile et j’aurais pu juste rentrer en France

 

- Te sens tu Française à l'étranger ? Tu as l’impression d’être différente, et en quoi ?

-   J’ouvre la bouche et tu entends que je suis différente. Je suis commerciale ici et la plupart des gens pensent que je suis québécoise. Quand je leur dis que je suis française c’est en fait un super bonus parce qu’ils ne sont pas fans des Québécois. Mais il y a tellement d’immigrants de nos jours au Canada je ne suis vraiment pas une exception. Je m’en sers parfois si les gens ne me comprennent pas à cause de mon accent je dis « I’m an immigrant, I don’t speak English I don’t know why they let me in » et tout le monde rigole.

-   Mais je ne pense pas que ça me sépare des gens, je l’utilise plus comme quelque chose qui nous rapproche en fait. Mes collègues font tout le temps des blagues sur les baguettes et me demandent si j’ai pris mon vélo aujourd’hui. Mais à part ça vraiment c’est tout

-   Je me sens française quand quelque chose arrive : les attentats par exemple c’était super dur. Aussi j’appelle mes parents 1 fois par semaine et on garde contact comme ça.

-   Par contre, je deviens MASSIVEMENT française quand il y a du foot : maillot, béret, drapeau sur les joues, Marseillaise, me faire jeter du bar parce que je me bats avec un Portugais…. Ça c’est la France ma bonne dame ! Il faut défendre sa patrie ! (je n’avais jamais regardé le foot en France au fait)

Downtown Calgary 

Downtown Calgary

 

 

 Il y a-t-il  des choses qui te manquent, tangibles ou intangibles ?

 Les premières années c’était super dur ici parce qu’il n’y avait aucune nourriture française. L’Alberta n’était pas particulièrement cosmopolite. Heureusement il y avait les Italiens ! Ils ont des petits supermarchés et j’avais accès a des trucs genre jambon ou fromage. Mais pour vous dire je n’ai eu du Nutella pour la première fois qu’il n’y a 3 ans !

Mes parents devaient tout m’envoyer par la poste, même les chewing-gum

  Depuis tout a changé : on a des crêperies, des sandwicheries, c’est Byzance ! Donc de ce côté-là, ça va maintenant

-   Je sais que beaucoup de Français regardent des programmes télé français ou lisent les journaux français. Pour moi, a part cas exceptionnel (attentats, élection, Hollande et sa maîtresse) je ne regarde que les chaînes canadiennes et US. Ma mère m’envoie pleins d’articles donc je suis ce qui se passe (je sais que Nabila a poignardé son copain par exemple) mais je n’ai pas du tout envie de regarder « On n’est pas couché ».

-   Une chose qui me manque : les musées. L’Alberta est très jeune comme province et on n’a vraiment pas grand-chose.

- Comment te sens-tu quand tu es en France ?

-   Je ne rentre pas très souvent (en presque 11 ans je suis rentrée 4 fois que crois – peut-être 3)

-   Je me sens un peu bizarre en France. Evidemment je suis très contente de voir ma famille, ils me manquent donc bien sûr que suis contente de rentrer pour les voir.

-   Mais je suis toujours super stressée en France. Tout le monde est toujours super énervé, ça me stresse. J’ai perdu l’habitude de me bagarrer à tout bout de champs et surtout je trouve les discussions super agressives. Mais en gros j’ai toujours l’impression que tout le monde hurle sur tout le monde et ça me stresse.

-   Mais plus sérieusement je me sens plus « touriste » en France.  L’ironie est que je me sens presque plus française quand je suis au Canada que quand je suis en France !

L’ironie est que je me sens presque plus française quand je suis au Canada que quand je suis en France !

- Un conseil pour celles et ceux tentés par l’aventure ?

Vivre à l’étranger est toujours une expérience super enrichissante, je pense que ça vaut vraiment le coup de le faire

 Si vous voulez venir dans la partie anglophone du Canada, le seul conseil que je pense est bon à donner est : parlez anglais, ça sera plus facile.

Pour suivre Aurelie dans ses péripéties quotidiennes, c'est ici !

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